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VALEUR NUTRITIVE DU PAIN.

qu’au besoin réel d’aliment. Les pains plus légers séjournaient moins longtemps dans l’estomac parce qu’ils y étaient plus facilement réduits en bouillie. Le pain de farine entière, qui traverse rapidement l’intestin, séjourne au contraire longtemps dans l’estomac, à l’action mécanique duquel il résiste beaucoup plus.

Nous pouvons maintenant revenir sur l’expérience de Magendie, citée plus haut, d’après laquelle le pain blanc paraissait doué d’une valeur nutritive très inférieure à celle du pain bis. Les résultats obtenus par cet illustre physiologiste s’expliquent par une autre cause : le pain blanc, moins sapide, était consommé en quantité insuffisante. La supériorité du pain bis consiste en ce qu’on en peut manger davantage : c’est ce qui est arrivé dans l’expérience de Meyer ; c’est ce que nous avons constaté aussi dans l’expérience citée plus haut où des souris ont été nourries comparativement avec du pain de farine de cylindres et avec du pain moins blanc de farine de meules.

Il est temps maintenant de formuler, d’après l’ensemble des notions expérimentales exposées dans ce livre, nos conclusions générales relativement à la valeur nutritive du pain.

1o Le pain n’est en aucun cas un aliment qui puisse suffire à lui seul à l’alimentation de l’homme. Ce n’est pas qu’un des principes essentiels à l’alimentation y fasse défaut en quelque mesure[1]. Le pain est au

  1. On a remarqué que le pain contient très peu de matière grasse. Il ne faudrait pas croire pour cela qu’un homme nourri exclusivement de pain manquerait de corps gras dans ses tissus,