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mêlent et se pénètrent de telle sorte, que notre disposition intérieure nous aide à comprendre l’Écriture, et que la méditation de l’Écriture développe notre disposition intérieure.

Que si, distinguant ce qui, en réalité, est inséparable, nous considérons premièrement le progrès de la disposition intérieure, nous remarquons que, pour nous élever de la connaissance à la foi, nous avons trois moyens : la raison, la coutume et l’inspiration.

La raison ne démontre pas les choses de la foi, mais elle ôte les obstacles, elle prépare les voies. D’abord elle prouve que, selon ses principes, les raisons pour valent les raisons contre, si bien qu’on peut se décider dans le sens de la foi sans la contredire. Ce n’est pas tout. Pressée et contrainte d’aller au bout de ses raisonnements, elle apporte une raison irréfutable de se décider en faveur de la religion. Il existe une branche des mathématiques que l’on appelle la règle des partis. Si l’on applique à la question de l’existence de Dieu les principes de ce calcul, on démontre rigoureusement que l’homme doit la résoudre par l’affirmative.

Soit la raison humaine dans l’état d’incertitude sur le sujet de l’existence de Dieu. Elle peut prendre croix ou pile ; je dis qu’elle doit prendre croix que Dieu est.

Et d’abord il nous faut nécessairement parier. Nous ne sommes pas libres. Nous vivons, et chacun de nos actes enferme une décision touchant notre destinée. Il est clair que nous ne saurions agir de la même manière si Dieu est et s’il n’est pas. Que