Page:Boutroux - Pascal.djvu/45

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Ce débat est douloureux, et, en quelque sens qu’il soit tranché, semble devoir laisser une impression pénible. Mais la postérité n’est-elle pas, sur ce point, plus ombrageuse que les parties elles-mêmes ?

Les relations scientifiques de Descartes et de la famille Pascal n’ont nullement été altérées par l’incident qui nous occupe. En 1650, M. Périer et Descartes, par l’intermédiaire de M. Chanut, ambassadeur de France à Stockholm, échangent leurs observations sur la suspension de la colonne de mercure. Quand Descartes meurt, M. Chanut mande cet événement à la famille Pascal en des termes qui marquent une grande estime réciproque. Il parle notamment de Blaise avec une vive admiration.

Indépendamment des raisons morales, nous avons des raisons de fait d’admettre que l’expérience est bien de l’invention de Pascal. Il en possédait tous les éléments. Il avait l’idée de la pesanteur atmosphérique comme cause probable du phénomène, ainsi qu’on le voit dans la lettre même de Jacqueline. C’était, à ses yeux, une suite de sa théorie générale de l’équilibre des liqueurs. Il était préoccupé, selon son habitude, de trouver, en cette matière, des expériences convaincantes. L’idée d’observer les manifestations de la pesanteur à des altitudes différentes, pour savoir si cet ordre de phénomènes était dû à une qualité interne ou à une cause extérieure, lui était familière. Car en 1636, Pascal père et Roberval avaient proposé ce moyen à Fermat pour rechercher si la pesanteur est une qualité qui réside dans le corps qui tombe, ou si elle résulte de l’attraction exercée par un notre corps. Il n’avait qu’à réfléchir