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choses religieuses. Il chercha dans la foi des motifs de consolation, et il s’empressa de faire part à ses proches de ceux qu’il avait trouvés. Il les exposa dans une lettre qu’il écrivit à M. et Mme Périer le 17 octobre 1651.

Le développement de sa pensée présente une suite logique très rigoureuse. C’est la doctrine, en effet, selon Pascal, qui doit agir sur le cœur.

Nous cherchons la consolation, et, s’il est possible, le changement du mal en bien. D’où peut-elle nous venir, réelle et solide, sinon de la vérité ? Il s’agit donc, sachant par l’intelligence ce qu’est en effet la mort, d’arriver à en user pratiquement, dans nos jugements et notre conduite, conformément à cette connaissance.

Selon les païens, la mort est une chose naturelle. Si cela était, elle serait nécessairement un mal. Car elle serait, dans la réalité, ce qu’elle est dans l’apparence la corruption et l’anéantissement ; et elle ne laisserait nulle place à l’espérance. Mais, suivant la vérité que le Saint-Esprit nous a apprise, la mort est une expiation et un moyen de nous délivrer de la concupiscence. Elle a cette signification en Jésus-Christ et elle la prend en nous, si nous mourons avec Jésus-Christ.

Reste l’horreur instinctive de la mort, si difficile à dompter. Nous en serons maîtres, si nous en comprenons l’origine.

Selon la vraie doctrine chrétienne, notre amour actuel de la vie est une corruption du penchant pour la vie éternelle, que Dieu avait mis en nous. Dieu s’étant retiré de notre âme à la suite du péché, le