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40 CLAUDE LORRAIN.

quelle pouvail être la condition <l un artiste ? Il sera lui- même un diplomate, du ne sera point... Même autour de Saint-Pierre «le Rome, où retentissent les motets pompeux de Carissimi, la Colonnade prochaine est comme un cercle nouveau qui l'étouffé. La rhétorique el l'hypocrisie cons- pireni sous un ciel divin. La Renaissance moribonde cor- rompl le paysage naissanl : toul se farde, en cette Italie théâtrale el maniérée déjà du Bernin.

Mais Claude n'a rien vu de la laideur des âmes ni du mensonge (1rs œuvres :l Italie naïve l'a défendu de l'Ita- lie courtisane; la nature éternelle l'a protégé contre l'arl ■ lu temps. Naïvement, Claude esi né peintre : c'esl un coloriste, un paysagiste avanl toui ! A Rome, il ne jouera poinl de mascarades, comme Salvatnr Kosa. Il ne leia poinl le grand seigneur ni l'aventurier connue sou vrai maître, ce Tassi qui fréquenta Ions les momies, même les galères... Il laissera l'adroil Filippo Lauri toucher trop spi- rituellement les figures de ses tableaux el transformer cha- cun de ses poèmes lumineux en paysage historique. Claude na poinl mesuré des antiques, comme Poussin lui-même, ni lavé des épures, connue Errard. Claude ne voil (iii)' la nature, et la nature le sauvegarde en l'éblouissant. Elle seule l'a formé : point d'autre école ; poinl d'autre Egérie que celle nature méridionale, radieuse, éthérée, resplendissante, enchanteresse ! Il fallait, sans doute, ce! éclal «lu Midi pour éveiller son àme lourde; l'enfant de Chamagne a vu la nature à travers l'Italie, comme reniant des Andelys a compris la vieà travers l'antique : cel Eden