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VEUVAGE BLANC

Maman s’en fait du souci… il faut bien qu’elle se tourmente de quelque chose. Cela sans doute se tassera.

« Tout va bien à la Saulaie. Tu sauras que j’ai donné à Louise le vieux Porthos, lequel était toujours fourré chez elle. Toutefois veut-il bien nous rendre d’amicales visites ; et quand les Thierry sont absenta il rapplique chez les Sigebert.

« Nous arrivons de Reims, où nous nous étions transportés pour donner une grande fête : comédie et musique, suivies d’un cotillon et souper par petites tables. La saison est un peu avancée, mais il avait fallu attendre l’expiration du deuil, et le général s’impose de dépenser intégralement ses frais de représentation. Aurore et Julie en étaient aussi et en ont fait le plus bel ornement. Moi, en ma qualité de quasiment « demoiselle de la maison », on m’avait adjointe pour aider à faire les honneurs à la femme du premier officier d’ordonnance. Bien que ces vanités ne soient point pour intéresser l’Algonquin que tu es devenu, j’en remets les détails à la feuille supplémentaire que j’ajoute le matin du courrier. Aujourd’hui te dirai-je seulement combien Louise était jolie. En toilette de satin blanc garni de point de Venise et des roses au corsage… Une révélation, figure-toi. Rentrée ici pourtant et ayant repris son petit costume gris, elle déclare se retrouver dans son atmosphère. Vraiment, à la voir si gracieuse, avec ce je ne sais quoi d’aisé et de libre que les femmes, je crois bien acquièrent uniquement à Paris — on ne la croirait pas faite pour la vie rurale. Quant à moi, il est plus naturel que, de ces éphémères grandeurs, je retombe au sein de mes fleurs et de mes poules…

« P.-S. — Foin du bal et de ses splendeurs ! J’ai bien autre chose pour remplir la rubrique « dernières