Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/114

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cru que c’étoit une punition visible des excès auxquels ils se sont portés contre nous. Cette inquisition affamée du sang d’Israël, dont les horreurs ont même touché nos plus cruels ennemis, a fait perdre à l’Espagne les Provinces-Unies : & ces mêmes provinces, qui reçurent nos frères dans leur sein, & leur donnerent un asyle, sont devenues le dépôt des richesses de l’univers, & les protectrices de la liberté opprimée.

Considère, mon cher Isaac, la conduite du peuple de Dieu, auprès de celle des nazaréens. Lorsque les dix tribus se séparerent, nous fîmes ce que nous pûmes pour les ramener dans le bon chemin : mais sous des feintes promesses, les attirâmes-nous dans le temple pour les y faire servir de victimes ? Un lévite crut-il jamais que la mort de quelque saducéen dût le conduire à devenir grand-prêtre ? Dieu exige-t-il que nous versions le sang de nos frères, & ne nous le défend-il pas en termes exprès dans le commandement de sa loi ?

J’ai observé que chez les infideles, l’envie de faire des prosélytes va jusqu’à la fureur. Les Mahométans & les nazaréens employent à ce sujet toutes sortes de moyens. Rebutés du peu de succès qu’ils ont trouvé parmi nous,