Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/141

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que par l’excès de leur jalousie, se commet tous les jours au milieu de Rome. Un pere, pour un vil intérêt, rend son fils en naissant, incapable de perpétuer sa famille, & le met dans un état où il n’est plus ni homme ni femme. Je ne conçois pas comment on tolere une pareille coutume. Ces hommes ne sont-ils pas assez malheureux par les maux où la nature les a assujettis, sans leur en procurer de nouveaux ?

Une loi fondamentale chez les nazaréens, exclut tous les eunuques des honneurs & des gardes ecclésiastiques. Cependant le pontife a trouvé un accommodement à cette ordonnance. Comme il ne peut réparer le dommage causé par l’opération, il permet qu’on donne la prêtrise à ceux qui portent sur leur estomac les tristes reliques de leur honte enfermées dans une bourse de cuir.

Ce n’est pas là le seul expédient comique dont les pontifes se servent pour accommoder les loix de leurs prédécesseurs avec leurs fantaisies. Ils inventent tous les jours mille moyens aussi ridicules. Ils sont obligés de se soumettre à cette gêne, par la nécessité de soutenir leur infaillibilité : car si l’un changeoit, & condamnoit ce que l’autre a fait, toute la sureté de leurs décisions crouleroit ; &