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Lettre XIII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, rabbin de Constantinople.

J’allai, il y a quelque temps, visiter les bibliothéques publiques. On en voit plusieurs à Paris ; & l’on y trouve des manuscrits qui sont dignes de la curiosité des savans. Elles sont ouvertes certains jours de la semaine. L’on peut aller y travailler sous les yeux des bibliothécaires, qui montrent la place des livres dont on a besoin, & prennent soin qu’on n’en enlève aucun. C’est un soulagement pour tous ceux qui s’appliquent aux sciences, que la commodité d’avoir l’usage de tant d’écrits, dont le ramas a coûté plusieurs siecles, beaucoup de soins & de dépenses.

On trouve dans ces bibliothéques toutes sortes de livres : ceux que les nazaréens regardent comme prohibés y sont aussi. Cela les rend beaucoup plus complettes & plus utiles : car tu ne saurois croire combien d’ouvrages dignes de l’estime de la postérité la plus reculée sont défendus parmi eux. Dès qu’un livre traite de philosophie, il est examiné par les moines. Pour peu que le systême qu’