Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/162

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conduite, & qui les élevent dans leurs principes, les éloignent de la bonne méthode d’étudier.

Lorsqu’un jeune homme a atteint l’âge de neuf à dix ans, il est enfermé dans un college. On lui inspire de l’horreur pour les sciences, par la façon dont on veut les lui apprendre. On le dégoûte des bons auteurs par la maniere dont on lui en explique les écrits. On lui parle de Gassendi, de Descartes, de Newton, comme de personnes d’un génie médiocre. Il est peu de régens de philosophie qui ne prennent fiérement le pas sur ces grands-hommes, & qui ne fassent plus de cas de leurs cahiers que des ouvrages de Mallebranche. Il y a une société de moines [1] qui enseigne les belles-lettres avec assez de succès : mais elle a un tel éloignement pour la bonne philosophie, qu’elle en est devenue le fléau.

Le plus renommé de ces colleges, est celui qu’on appelle la Sorbonne : aussi est-il le plus ancien. Il en est plusieurs autres sous sa direction. Sa réputation a été considérable dans les siecles passés ; mais depuis plus de cent ans il perd tous les jours de son lustre. Il s’est rendu odieux par les décisions qu’il rendit dans le tems de la ligue : il favorisa le crime & l’assassinat, & suivit le parti de la

  1. Les Jésuites.