Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aux ouvrages de nos adversaires, ou c’est rarement. Malgré notre silence, nous perdons peu de nos freres, & l’on ne voit gueres de juifs qui se fassent turcs ou nazaréens. Il arrive au contraire, que ces derniers se rendent très-souvent mahométans. Ils sont d’autant moins excusables, que le libertinage les engage à ce changement.

Je ne saurois comprendre comment un homme qui a les premieres notions de la simple raison, peut donner la moindre croyance aux visions de Mahomet. Je m’étonne même que ceux qui naissent dans une religion, malgré les préjugés de l’enfance, n’en pénétrent pas le ridicule. Je ne sais si tu as jamais examiné le tissu d’impertinences que forme la loi mahométane. Je défie l’esprit le plus déréglé & le plus visionnaire de produire rien d’aussi chimérique & d’aussi gigantesque. Comment se peut-il trouver un homme assez imbécille pour se figurer qu’il goûtera après sa mort des plaisirs charnels ; qu’un des principaux biens que lui donnera la divinité, sera la jouissance de plusieurs femmes toujours vierges ? On s’étonne que les payens crussent les contes & les fables que leurs poëtes racontoient des champs Elisées, où les héros retrouvoient des chars, des armes, des