Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/260

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quelque riche qu’il soit, n’a aucun avantage sur le simple particulier. Un bourgeois fait étudier son fils sous les plus habiles rhétoriciens du royaume, sans qu’il lui en coûte un sou. Les écoles publiques sont faites pour tout le monde. La vivacité du génie, la disposition aux sciences, sont les seules choses qui déterminent l’avancement d’un jeune homme dans les belles-lettres. D’un marquis stupide, dix philosophes ne feront jamais un géometre ; & de simples régens ont fait d’habiles gens du fils d’un savetier [1] & d’un chapelier [2].

« Je crois que par l’aisance & la commodité que les peres de famille ont dans ce royaume pour l’instruction de leurs fils, l’éducation ne peut servir de raison à mettre une différence entre le mérite & la science d’un courtisan avec celle d’un homme qui n’a jamais vû ni le roi, ni les ministres. Si l’on peut prouver ce fait, il détruit le préjugé où l’on est, qu’il y a plus d’esprit, plus de délicatesse à la cour qu’à la ville.

« On sera forcé d’avouer que le goût

  1. Rousseau.
  2. La Motte.