Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/303

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plaire, répandre dans mes écrits un certain enjouement rempli de ces saillies vives & heureuses, qui forment le caractere général des François. Cette vivacité brillante ne se trouve dans aucune autre nation. Il y a peut-être chez les Anglois, les Allemands & les peuples du Nord, plus de bon sens & autant de science ; mais il n’y a point autant d’esprit.

Je ne saurois deviner la raison qui procure cet avantage aux François. Il est inutile de l’attribuer au climat. Si la chaleur du Soleil excitoit l’imagination, quels sont les peuples en Europe qui dussent avoir plus de feu de vivacité que les Portugais ?

Leurs livres ne sont pourtant en général, qu’un amas confus, indigeste & énorme de quelques ouvrages théologiens & scholastiques, ou de quelques romans remplis d’enchantemens, de combats & d’enlevemens. Ce n’est pas avoir l’imagination vive, que d’inventer de pareilles chimeres : c’est l’avoir extravagante. Avant que le bon goût, se fût établi en Allemagne, quelques moines & quelques autres auteurs, y avoient composé des livres aussi peu sensés. La différence de climat de ces deux pays est cependant bien différente.

Si l’air & la chaleur du soleil donnoient