Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/335

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rendent la justice d’avoir dégagé la raison des préjugés, & d’être les auteurs du retour des sciences bannies & exilées : ils les condamnent seulement d’avoir poussé trop loin leur opinion sur certains articles de la croyance nazaréenne, & d’avoir rendu la religion trop simple, en voulant remonter jusqu’à sa premiere institution. Ils prétendent que les coutumes & les cérémonies prennent leur autorité de la possession & de l’usage ; qu’il est dangereux de vouloir les ramener à leur naissance. Les loix & les préceptes selon eux sont comme les rivieres qui grossissent & s’ennoblissent en courant. Ceux qui n’ont d’autre regle que l’institution d’une coutume qui a vieilli plusieurs siecles, & qui veulent sans cesse renoncer à sa source, sont sujets à s’égarer.


Ces opinions me paroissent vraies dans ce qui ne regarde pas la religion ; mais en matiere de croyance & de foi, plus celle que nous professons est simple, plus elle me paroît louable. Il eût été heureux pour nous d’avoir eu deux docteurs qui eussent fait dans le judaïsme, ce que ceux-là ont fait dans le nazaréisme. On nous auroit délivrés d’un joug de cérémonies, qui me paroît tous les jours plus inutile.

Je t’avouerai confidemment que plus