Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/349

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Porte-toi bien, mon cher Monceca, & prospere de plus en plus.

De Constantinople, ce…

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Lettre XXXI.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, rabbin de Constantinople.

J’ai fait voir à quelques savans de mes amis, la lettre que tu m’as écrite sur la maladie d’Osman bacha. Ils ont parfaitement reconnu son caractere dans les traits que tu m’en a appris. Les uns ont blâmé son acharnement à vouloir détruire une religion dans laquelle il étoit né, & l’ont taxé d’être malhonnête-homme, ils ont soutenu que sa conduite l’avoit déshonoré entiérement. Les autres ont prétendu le contraire : ils ont cru que le changement de religion occasionné uniquement par la politique étoit véritablement un crime irrémissible aux yeux de Dieu, mais qui n’influoit pas sur le caractere de galant-homme. La dispute s’est échauffée de part & d’autre, & il est arrivé ce qui arrive ordinairement après avoir bien disputé :