Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/353

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il y a toujours quelque chose de divin, qui mérite des honneurs suprêmes & des sacrifices, d’avoir si bien fait le personnage de la sagesse & de la prévoyance infinie, en formant & conservant le monde.

Si je croyois le systême d’Epicure, chaque jour, en examinant le cours du soleil, en le voyant paroître sur notre horizon, & s’acheminer à grands pas vers les Antipodes, je m’écrierois : Je te salue, ô hazard éternel, dérangement incompréhensible, confusion admirable qui maintiens l’ordre & l’arrangement, qui conserves & perpétues cette divine & surprenante harmonie qu’on voit, & qu’on sent dans toutes les parties de l’univers ! Souffre que je te rende des honneurs que d’autres mortels aveuglés rendent à un Dieu tout bon, tout-puissant & tout sage.

Crois-tu, mon cher Isaac, qu’il y ait des Epicuriens, qui, considérant la nature, ne reconnoissent, malgré leur prévention, qu’il y a un premier principe qui conserve & maintient cette regle & cet ordre qui regne dans l’univers ? Et quel que soit leur entêtement, sois certain, qu’ils ne sont