Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/70

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Un domestique jeune & égrillard, qui servoit dans la même maison, lui fit faire une nouvelle brêche à ses anciens vœux de chasteté. Le bourgeois Hollandois qui s’en apperçut, la chassa de sa maison.

« Elle se retira à la Haye, où elle a longtemps dupé les personnes charitables de cette ville. Depuis elle a passé à Amsterdam, où elle joue encore le même manége. C’est dans la premiere de ces villes que je l’ai connue. Dès qu’elle y fut arrivée, elle changea de style & de façon, & se dit d’une naissance distinguée. Elle fut cependant, embarrassée du choix de la maison dont elle vouloit sortir. Elle ne savoit si elle adoptoit quelque famille de simple gentilhomme, ou si elle prendroit sa tige dans quelque maison titrée, ne fût-ce que du côté gauche. Elle choisit ce dernier parti, & s’allia avec celle de Bouillon. Tous les seigneurs de cette maison devinrent ses proches parents : l’un étoit son cousin, l’autre, son frere, l’autre son neveu ; en sorte que, n’ayant pas bien pris ses précautions, & leur ayant distribué à tous les degrés de parenté, il ne restoit que le cardinal défunt qui pût être son pere.

« Quelqu’un lui fit faire malicieusement