Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/73

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les bons, & punit les méchans. Que croyons-nous davantage ? N’est-ce pas là toute notre religion ; excepté quelques cérémonies, que nos docteurs & nos prêtres nous ont ordonnées ? Mais les cérémonies ne sont pas indispensablement nécessaires : il me sera aisé de t’en donner des preuves convaincantes.

Tu sçais que l’Espagne est encore remplie de nos freres, malgré la persécution qu’ils y souffrent. Le moindre soupçon de judaïsme fait condamner un homme au feu. Les Juifs Espagnols ont donc été forcés de ne plus circoncire ; car, pour peu qu’on eût soupçonné quelqu’un, il eût été aisé de vérifier le fait : & la nécessité les a dispensés de la plus essentielle de nos cérémonies. Si tu réfléchis à ce que je te dis, tu ne pourras refuser de reconnoître ce nombre de Pharisiens dont je te parle, pour des enfans d’Israël. Ce seroit un grand bien pour notre sainte loi, si l’on pouvoit leur apprendre de quelle religion ils sont, & les réunir à notre communion. Il faudroit leur envoyer quelque habile rabbin qui fût en état de leur ouvrir entiérement les yeux : & si la douleur de l’opération de la circoncision faisoit peine à quelques-uns, on pourroit leur accorder le même privilége qu’aux juifs Portugais & Espagnols. Il faudroit seulement user de grandes précautions,