Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/86

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blâme ceux que vendent ses confrères. Il y a ici une société de docteurs nazaréens qui en ont plusieurs soumis à leurs ordres ; ils les font travailler sur les matières qu’ils veulent. Ce sont eux qui leur donnent les idées, qui leur réglent les expressions ; & ces auteurs [1] ne sont proprement que des secrétaires copistes : aussi sont-ils généralement méprisés, & n’ont d’autres lecteurs que les gens que la crainte ou l’ambition attachent à ces docteurs nazaréens [2], dont le crédit est puissant, & la haine implacable. Un parti de plusieurs ecclésiastiques qui leur est entièrement opposé, imprime une feuille volante [3] qui les a mis en fureur.

Ils ont vainement cherché à en connoître l’auteur : il a sçu se cacher, & a été heureux de pouvoir le faire ; car on l’eût puni rigoureusement, s’il eût été découvert. Il est vrai qu’il méritoit une punition exemplaire ; non pas pour avoir écrit contre des moines & des prêtres ; mais pour avoir manqué en plusieurs endroits de respect au souverain, au ministère & à la nation. Cet endroit de ma lettre me conduit imperceptiblement

  1. Les journalistes de Trévoux.
  2. Les jésuites.
  3. Les nouvelles ecclésiastiques.