Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/123

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de la politique Espagnole.

Ceux qui se figurent qu’un prince, n’est grand qu’autant qu’il est fourbe, donnent dans une erreur pitoyable. Il y a une grande différence entre la prudence & la mauvaise-foi : & quoique, dans ce siécle corrompu, on leur donne le même nom, le sage les distingue très-aisément. Un roi n’est point obligé à découvrir ses desseins à ses ennemis ; il doit même le leur cacher avec soin : mais il ne doit point aussi, sous de vaines promesses, sous les appas d’un raccommodement feint, & sous le voile d’une amitié déguisée, faire réussir les embuches qu’il veut leur tendre. Un grand cœur, dans quelque état qu’il soit placé, prend toujours la vertu pour guide. Le crime est toujours crime, & rien ne lui fait perdre sa noirceur. Celui qui ment, manque au ciel, & se manque à lui-même. Le mensonge a quelque chose de si odieux, qu’il révolte le caractère de l’honnête-homme, quelque adoucissement qu’on puisse lui donner.

Les nations, que les Grecs traitoient de barbares [1], avoient cependant le mensonge & la mauvaise-foi en horreur. Hérodote leur rend cette justice.

Les Perses, dit-il, méprisent infiniment

  1. Les Perses, &c.