Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’offrent plus à la vûe qu’une image de ce qu’elles offroient aux yeux des anciens, pour qui elles étoient des caractères parlans.

La fameuse colonne de Pompée est encore un morceau digne d’admiration. De toutes les anciennes magnificences d’Alexandrie, & de ses environs, il ne reste guère de débris aussi entier que cette colonne. Elle a de très-belles proportions ; & l’œil le plus difficile n’y peut rien trouver à redire. Elle est de trois morceaux : le chapiteau en fait un, le fût & trois pieds de la base forment le second, & le reste de la base compose le troisiéme. Cette colonne a quatre-vingt pieds, entre la base & le chapiteau, & l’on peut lui donner cent dix pieds d’élévation. Aussi la crois-je la plus haute & la plus grosse de l’univers.

Les monumens antiques dont je viens de te parler, mon cher Monceca, auront un jour le même sort, que tant d’autres qui les ont précédés. Ils seront détruits & renversés. Ils ont déja reçu quelques outrages par le tems, & l’on ignore entièrement qui sont ceux qui les ont fait élever. Les noms de Pompée & de Cléopatre qu’on a attachés à ces colonnes, ne sont pas, selon toutes les apparences, les noms