Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/172

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les croyois contraires aux écritures & capables de nuire à l’esprit. Les Mahométans aiment très-peu les docteurs Arabes, parce qu’ils sont ennemis des miracles & de la superstition. Les ouvrages de Macrish, fameux écrivain, ne sont point aussi estimés que ceux de plusieurs mollas & imans remplis de ridiculités. Les Turcs accusent cet auteur d’avoir peu de religion, parce qu’il a affecté de ne rapporter que très-peu de miracles, & qu’il en a même réfuté plusieurs. Ils ne peuvent souffrir qu’il ait dit, qu’il y a de la folie à croire que les morts reviennent de l’autre monde. Il en coûta cher à Savonarole, religieux Dominicain, pour avoir condamné trop hautement les abus de la cour de Rome & ceux de ses confreres.

Alexandre VI, souverain pontife, trouva le secret d’arrêter ses remontrances incommodes : & Savonarole fut pendu à Florence, avec deux de ses compagnons. L’aveuglement de quelques personnes est si grand, & la malice des autres est si noire, qu’il est presque impossible d’éclairer les uns & de corriger les autres.

Porte-toi bien, mon cher Monceca : prospère dans tes entreprises ; & vis content & heureux.

Du Caire…