Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

essentielles. Ils se nourrissoient de chimères, & ils n’étudioient que des choses ou incompréhensibles, ou inutiles. Par une secrette vanité & un desir déréglé de sçavoir, ils cherchoient à pénétrer les vérités les plus cachées & les plus impénétrables. Ils vouloient résoudre avec facilité plusieurs questions inintelligibles, & qui dépendent d’un si grand nombre de rapports, que l’esprit le plus pénétrant ne pourroit en découvrir la vérité avec une certitude évidente, après plusieurs siécles d’une méditation profonde, aidée d’une infinité d’expériences.

Un autre défaut qui jettoit la confusion dans l’esprit des philosophes scolastiques, c’étoit le peu de méthode qu’ils gardoient dans leurs études. Ils s’appliquoient à dix sciences différentes, & peut-être dans la même journée. Ils ne réfléchissoient point sur la nature de leur esprit, ne l’employoient point à la recherche de la vérité, & ne pensoient pas que le génie de l’homme, déja assez borné, ne doit point être distrait de ses méditations par de nouveaux objets, qui lui font souvent oublier les premiers.

Tous les demi-sçavans qui sont sujets à ce défaut, tâchent en vain de pénétrer des choses qui dépendent d’un