Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/204

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Grecs & Latins.

Ces livres, qui ont été reçus avec un applaudissement universel dans le public, ont excité la jalousie & l’envie des confrères d’Hardouin. Pour détruire l’autorité de ces éditions, il a voulu anéantir l’ancienneté de ces auteurs ; & pour rendre son sentiment moins odieux aux nazaréens, qui auroient dû justement se révolter contre le mépris qu’on témoignoit pour leurs anciens docteurs, ce moine a cru exténuer son criminel systême, en regardant généralement tous les auteurs anciens comme des ouvrages faits après-coup, & dont la plûpart avoient été composés par des moines, prédécesseurs de ceux qui soutiennent aujourd’hui leur ancienneté.

Voilà, mon cher Brito, la cause du ridicule sentiment né dans ces derniers tems contre les plus célèbres écrivains, & embrassé par quelques ignorans qui ont cru trancher du bel-esprit, & de se donner du relief, en applaudissant à de pareilles impertinences.

Je voudrois bien avoir quelque chose de nouveau à t’apprendre. Mais Paris, depuis quelques jours, semble être devenu plus tranquille. Cela ne durera pas long-tems, & l’esprit inconstant des François me redonneroit bien-tôt assez