Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/206

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par le moyen des registres de toutes les terres labourables, desquels ils sont les dépositaires, ayant toujours retenu ce privilége, duquel ils sont redevables à leur ancienneté. C’est presque-là le seul bien qui leur reste dans leur ancienne patrie ; & il est peu de seigneurs Turcs, qui n’aient un écrivain Copte, qui tient un registre détaillé de toutes les terres qu’il posséde.

Les nazaréens Européens disent ici, que les Coptes sont le peuple le plus grossier & le plus obstiné dans son erreur. Je te dirai pourtant que j’ai parlé à plusieurs, & que je n’ai trouvé chez eux que le même attachement que tous les hommes ont pour les opinions qu’ils ont sucées avec le lait. Je ne sçais à propos de quoi un nazaréen Européen est en droit de traiter un nazaréen Copte d’obstiné. Ils ont tous les deux le même défaut ou la même vertu, puisqu’ils sont également prévenus pour les préjugés qu’ils ont reçus dès leur naissance. Les Européens reprochent aux Coptes, qu’il veulent s’en tenir aveuglement à leurs anciennes coutumes, qu’ils appellent canons ; & que les opinions de leurs évêques & de leurs prêtres, sont les uniques régles qu’ils veulent suivre.

Et n’est-ce pas-là le sentiment de tous les nazaréens ? Lorsque leurs pontifes