Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/25

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tremblante pour son amant, gagne un de ses gardes, qui se charge de le conduire hors de la ville ; mais à peine Zamore est-il en liberté, qu’il en profite pour immoler au milieu de ses gardes, le cruel Guzman. Il est arrêté & condamné à mourir, ainsi qu’Alzire qu’on croyoit avoir trempé dans le meurtre de son époux, quoi qu’elle en soit innocente. Mais, lorsque ces malheureuses victimes de l’amour n’attendent que le moment qui va leur donner le trépas, Guzman qui n’est pas mort en recevant les coups que lui avoit donné Zamore, profite du dernier instant de sa vie pour réparer par une clémence généreuse, toutes ses cruautés & ses barbaries.

Voilà en peu de mots, mon cher Isaac, le sujet de la piéce. Voici quels sont les différens caractères des acteurs.

Alvarès est un parfait honnête homme, rempli de candeur & d’humanité, zélé pour sa religion, mais sans être aveuglé par une fureur à laquelle on donne le nom de piété.

Guzman est fier, vain, orgueilleux ; superbe, cruel ; tel enfin qu’on dépeint les Espagnols qui firent la conquête du Méxique. Plein des maximes pernicieuses des convertisseurs, de quelque manière