Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/291

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On ne peut entrer dans la secte mystique, qu’en renonçant absolument à tous les plaisirs du mariage. Les veuves & les filles sont en droit, par leur état, d’y entrer sans examen : mais il faut qu’une femme mariée promette d’oublier les plaisirs de l’hymen. Peu de jeunes femmes ont assez de force sur elles-mêmes, pour vouloir à ce prix-là, devenir la compagne des saintes sœurs. Celles qui feroient sur elles un effort aussi grand, en sont empêchées par leurs maris, qui ne veulent point observer le pénible jeûne qu’ordonne la religion mystique.

Cette secte a ses saints particuliers, ainsi que ses coutumes. Un nommé Dominique, fameux persécuteur, instituteur du monstrueux tribunal de l’inquisition, en est une des principales divinités. Claire & Rose, deux religieuses, viennent immédiatement après. François de Sales tient parmi ces patrons de la mysticité le quatriéme rang. Ces hommes & ces femmes, pendant leur vivant, ont publié plusieurs livres remplis des maximes de leur croyance. Une fille nommée Thérèse, a laissé un recueil complet de toutes les folies que son cerveau dérangé, & son imagination troublée, lui fournissoient. Ce livre passe pour un ouvrage inestimable, & tient