Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/310

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avoir, n’ont aucune affinité avec les sciences ; & l’on conclut ensuite, qu’elles doivent par conséquent n’avoir que des idées crasses, confuses & bien éloignées de celles qu’on acquiert par l’étude. Mais il arrive souvent qu’ayant posé une fausse supposition, la conclusion que l’on en tire n’est point conforme à la vérité.

Les nazaréens tombent dans ce défaut. Ils jugent du génie des théologiens & des philosophes mahométans par les relations odieuses & remplies de fables, qu’en font tous les jours des voyageurs ignorans, & des moines attentifs à décrier tout ce qui n’est point conforme à leur sentiment. C’est sur les contes qu’ont débités quelques auteurs Grecs, que les écrivains François, Espagnols, Anglois, Italiens, Allemands, &c, ont rapporté contre Mahomet plusieurs choses, non-seulement fausses, mais même contraires à la raison. Il n’est rien de si impertinent, & de plus opposé à la vérité de l’histoire, que l’idée que Moréri a donnée de Mahomet.[1]

  1. Mahomet, faux prophète Arabe, nâquit, au sentiment de quelques auteurs, le 5 Mai de l’an 570. Son pere, qui étoit payen, avoit un nom Abdala & sa mere juive, s’appelloit Emine ; l’un & l’autre de la lie du peuple…… Sa religion, composée en partie du judaïsme, en partie des rêveries des hérétiques,…. fut embrassée par des méchans & des voleurs qui ne connoissoient ni Dieu ni justice. Moréri, art. MAHOMET.