Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/320

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ne mettant point de différence entre aucun des prophêtes & des envoyés de Dieu. Je crois au jour du jugement. Outre cela, je crois que tout ce qui existe, soit qu’il nous plaise ou non, a été créé par Dieu. » Voilà quel est le sommaire de notre foi.

Est-il surprenant, mon cher Isaac, que des vérités aussi brillantes, dont il découle naturellement une morale si épurée, ayent fait impression sur l’esprit de tant de peuples divers, plongés dans le paganisme ? & quant aux nazaréens qui ont embrassé le mahométisme, c’est une erreur que de croire, que les docteurs musulmans ne leur ont point fait d’objections capables de jetter dans le doute des gens qui étoient très-mal instruits de leur religion. Ils se sont servis des plus forts argumens des philosophes, pour autoriser leurs sentimens : & le théologien mahométan, que je viens de citer, employe pour établir le mahométisme, les mêmes raisons qui ont servi de fondement à toute la philosophie cartésienne, c’est-à-dire, la nécessité d’examiner la lumière naturelle qui ne sçauroit nous tromper, puisque c’est le seul moyen que Dieu nous ait donné pour distinguer le faux du vrai. Dieu tout-puissant, dit cet