Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/335

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après avoir parlé à l’oreille ; parce qu’il est à présupposer qu’on a dit quelque chose de spirituel. Je prends ensuite la main d’une autre : j’en loue la beauté & la blancheur, sans faire attention seulement si cette main, dont je fais un si grand éloge, n’est point laide & capable de donner un ridicule à mes discours. Je suis monté sur le ton des louanges ; & semblable à un instrument, il faut que je chante sur ce ton. C’est la faute de celles qui n’ont pas de véritables beautés. Il m’est défendu, sous peine de passer pour un impoli, de rester auprès d’une femme, sans lui dire des choses gracieuses. Je lui dis donc celles que je débite réguliérement tous les jours : & si elles ne lui conviennent pas, tampis pour elles. Je n’irai pas faire un nouveau cour de galanterie pour chaque femme. On doit regarder un petit-maître ; comme un prédicateur. L’un a un certain nombre de sermons, & l’autre un certain nombre de phrases, qui leur servent pour toute leur vie. De même que le panégyrique de sainte Claire sert à sainte Rose, en changeant le nom : de même aussi, les douceurs qui conviennent à la marquise sont faites pour la comtesse. Si l’une est laide, l’autre