Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/44

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qu’elle soit nette, distincte, & qu’elle présente clairement les idées, suffit pour donner de la force au discours ; l’éloquence la plus simple devient sublime. Nous avons dans la Genèse un exemple décisif de cette vérité. Dieu y dit Que la lumière se fasse, & la lumière se fit. [1]

Dans ces expressions, reconnues sublimes, même par les payens, l’obéissance de la chose créée paroît suivre dans l’instant la volonté du Créateur. Quelles idées dans des termes simples, ne sont point offertes à l’esprit ? Le pouvoir de Dieu, la création de la lumière, la clarté formée par un seul mot, & accordée à l’univers par la bonté de l’Etre immense & tout-puissant. Le choix des mots, un tour de phrase recherché, eût affoibli la sublime simplicité de ce passage.

Si l’on est obligé de convenir que le sujet sert infiniment à l’orateur, & peut, en quelque façon, le rendre éloquent sans le secours de l’art, il sera aisé de trouver la véritable raison de la supériorité des anciens sur les modernes. Un avocat du parlement de Paris est chargé d’une cause éclatante, lorsqu’

  1. Fiat lux, & facta est lux. Genes. cap. 5, vers. 3.