Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/57

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pleine de superstition, ainsi que le sont toutes les vieilles gens,

Offre à Dieu les tourmens qu’elle me fait souffrir. Boileau, sat.X.

Voyez, Monsieur, continua cette religieuse, si mon état est aussi paisible que vous le croyez, & si je jouis des trois choses qui font le bonheur suprême. J’avoue, lui répondis-je, que je me suis trompé dans le jugement que j’ai fait. Mais je vous prie de me faire la grace de me dire comment vous pûtes vous résoudre à faire des vœux, qui vous rendroient si malheureuse. Je vais, répliqua-t-elle, vous apprendre la vocation des trois quarts des religieuses à l’état monastique. Elles y sont appellées de la même manière que je l’ai été.

« Dès que j’eus atteint l’âge de six ou sept ans, ma mere qui vouloit absolument que je prisse le parti du couvent, me fouettoit régulièrement deux fois par jour. La moindre faute que je faisois étoit punie avec une sévérité extrême, & jusqu’à l’âge de neuf ans, je fus traitée avec la même rigueur. Enfin l’on m’annonça qu’on alloit me mettre pensionnaire dans un couvent, auprès d’une de mes tantes qui y étoit religieuse, &