Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/122

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Dompierre venait de prendre ses dispositions pour la réussite de son projet qui était de passer avec sa maîtresse toute une soirée dans la solitude d’Isola Madre quand cette île magnifique est débarrassée des visiteurs. Il aperçut le hall plus garni que de coutume ; on semblait y causer avec animation, mais en chuchotements mystérieux. Mme Belvidera s’y trouvait et recevait avec une expression de physionomie très curieuse les confidences de Mme de Chandoyseau. Au moment où il allait entrer, elle se détacha du groupe et vint de son côté, en ouvrant son ombrelle, sous le prétexte d’aller sur la route voir arriver la diligence. Il crut qu’elle était anxieuse de savoir le résultat de ses combinaisons.

— Tout va bien, lui dit-il, et nous aurons deux barques pour cinq heures : une pour vous, une pour moi ; vous irez directement à l’Isola Madre, moi à l’Isola Bella, seulement je changerai d’idée à moitié chemin et vous retrouverai sur les rochers.

Elle ne pouvait s’empêcher de rire.

— Qu’est-ce qu’il y a donc ce matin ? lui demanda-t-il ; ah ! ça, vous n’écoutez même pas ce que je vous dis !