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Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/32

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ſur laquelle i’aurois mis vn Crucifix ; Nous faiſons quelque priere, puis i’adoray & baiſay la Croix pour leur monſtrer comme ils douoient faire, ils me ſuiuirent les vns apres les autres apoſtrophants noſtre Seigneur crucifié par des prieres que la Rhetorique naturelle, & la neceſſité du temps leur ſuggeroit. Certes leur feruente ſimplicité me donnoit de la deuotion ; bref ils firent ſi bien que dés la meſme iournée Dieu leur donna de la pluye, & enfin vne tres heureuſe recolte, auec vne tres grande admiration de la Puiſſance diuine.

Pour concluſion de ces deux hiſtoires, ie diray que ces Peuples ſont grands admirateurs, & font eſtat des perſonnes qui ont quelque choſe de releué par deſſus le commun ; à cette occaſion ils les appellent, oki du meſme nom qu’ils donnent aux demõns : Partant s’il auoit icy quelqu’vn doüe du don de miracles, ainſi qu’eſtoient les premiers qui ont annoncé l’Euangile au monde, ils conuertiroit à mon aduis ſans difficulté tous ces barbares ; mais Dieu depart telles faueurs, quand, à qui, & comment il luy plaiſt, & parauanture veut-il que nous attẽndions la recolte des ames auec patience & perſeuerance. Auſſi certes ne ſe portent-ils