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Page:Bréhier - La Philosophie et son passé, 1940.djvu/9

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INTRODUCTION



Quelques pages d’explication semblent nécessaires pour indiquer le lien qu’il y a entre les études réunies dans ce volume. Elles forment deux groupes ; l’un est relatif à l’attitude du philosophe à l’égard de l’histoire de la philosophie ; l’autre se rapporte à la théorie de la création dans le rationalisme cartésien, Elles sont issues, les unes et les autres, d’études d’ensemble.

Il ne serait sans doute pas difficile d’écrire, dans le style des sophistes, l’éloge puis le blâme de l’Histoire de la philosophie, d’où il ressortirait clairement que tout le bien et tout le mal qu’on en peut dire vient non d’elle-même, mais de l’usage, bon ou mauvais, qu’on peut en faire. Il n’est que trop certain qu’il y a un abus de l’histoire qui est comme l’envers de l’incapacité d’une création originale : car c’est être trop optimiste de croire, comme un hégélien, que créer, pour l’esprit, c’est en quelque manière « prendre la suite », et introduire, sur la scène de l’histoire, le moment dialectique où une réflexion ultérieure montrera le résultat nécessaire de tout ce qui précède, ce qui ferait de l’histoire l’organe même de la philosophie ; il suffit, pour rendre sceptique, de constater que cette prétendue nécessité n’apparaît qu’aux yeux de l’historien, prévenu en