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HENRY DUNBAR
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viable et la plus solennelle de son existence. Elle n’a pas encore treize ans. Il s’en faut encore de deux longues années pour qu’elle soit une « jeune personne. » Elle est la fille unique de ma sœur unique, Marian Lester, et elle est récemment arrivée de Sydney, où ma sœur et mon beau-frère sont établis depuis douze ans. Mlle Élisabeth Lester fait partie de la famille depuis le 1er juillet et n’a pas cessé, depuis cette époque, de se familiariser avec ma mère et avec moi. C’est une assez jolie enfant dont la chevelure blond cendré pend en lourdes tresses sur sa nuque. (Détail fort intéressant pour le Nouveau-Zélandais curieux de connaître les mystères de la coiffure juvénile au dix-neuvième siècle.) Elle est douée d’un excellent caractère, et ma mère l’adore. Pour moi, je me résigne graduellement à l’idée d’avoir trente-trois ans et d’être l’oncle d’une jeune nièce qui joue des variations sur Non più mesta.

« Ce Non più mesta m’amène à parler d’un personnage nouveau dans le cercle de mes connaissances ; d’un personnage qui n’a pas paru une seule fois dans le volume que je viens de terminer, mais qui, dans l’intervalle de six semaines entre mon dernier récit et celui que je commence aujourd’hui, m’est devenu aussi familier que le plus vieil ami de ma jeunesse. Non più mesta, j’entends ma nièce qui écorche cet air que je connais si bien, dans le salon qui est au-dessous de ma chambre ; et pendant que j’écris ces lignes, cette mélodie évoque l’image d’un visage pâle et doux et d’un regard noir et profond comme celui de la colombe.

« Je ne m’étais jamais rendu compte de la quantité d’objets de toute espèce, nécessaires à une femme, avant le jour où une voiture déposa à notre porte la personne de ma nièce accompagnée de ses malles. Mlle Élisabeth Lester me parut avoir besoin de tout