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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

CHAPITRE VII

Après trente-cinq ans.

Joseph Wilmot attendit avec assez de patience, à en juger par son attitude, l’arrivée du steamer. Tout le monde était respectueux envers lui, depuis sa transformation. On lui témoignait des égards, et il allait partout où il voulait sans être questionné ou arrêté.

Il y avait plusieurs personnes qui attendaient les passagers arrivés à bord de l’Électre, et le steamer fut accueilli par les faibles hourras des spectateurs groupés auprès du débarcadère.

Les passagers descendirent à terre vers onze heures. Il y avait un grand nombre d’enfants et leurs bonnes, trois ou quatre hommes à tournure militaire portant d’amples vêtements en coutil gris ou en nankin, plusieurs dames, toutes plus ou moins brûlées par le soleil, deux ayahs, trois domestiques et un homme d’environ cinquante ans à figure aristocratique et vêtu d’une autre façon que les autres voyageurs. Il avait des vêtements de drap fin, une cravate en satin noir, une épingle en or, un chapeau bien brossé, et des bottes vernies.

Ses vêtements étaient à peu près du même genre que ceux que Wilmot s’était choisis.

Cet homme était Henry Dunbar. Il était grand, avait la poitrine large, la moustache et les cheveux gris, et un sourire hautain se jouait sur sa belle figure.

Joseph, debout dans la foule et immobile comme une statue, examinait son vieil ennemi.