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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« — J’en suis à peu près certain, monsieur, répondit mon commissionnaire, qui m’a paru être d’un caractère entreprenant et même audacieux.

« Très-bien ! lui dis-je. Vous allez donc aller à l’hôtel du Cygne Noir. Haukehurst est le nom sous lequel mon neveu y est connu, et il faudra que vous parveniez à le voir.

« Je lui donnai le signalement détaillé de Valentin et d’autres instructions dont je ne veux pas vous fatiguer ; de plus, j’eus soin de lui garnir les poches, afin qu’il fût à même de suivre Haukehurst en chemin de fer ou en voiture s’il le fallait ; puis, je l’expédiai, en lui donnant l’ordre de revenir me trouver dès qu’il aurait vu notre homme dûment réinstallé au Cygne Noir, après ses courses de chaque jour.

« — Et s’il ne sort pas ? suggéra-t-il.

« — Dans ce cas, il faudra vous tenir ferme à votre poste jusqu’à ce que la nuit soit venue, et vous procurer, au sujet de mon malheureux neveu, tous les renseignements que vous pourrez, près des gens de l’hôtel, dis-je. Je suppose que vous n’êtes pas sans connaître quelqu’un au Cygne Noir ?

« Le garçon m’informa dans son grossier langage qu’il y connaissait presque tout le monde ; puis il partit.

« À neuf heures du soir, il reparut devant moi, tout gonflé de l’importance des choses qu’il avait accomplies dans la journée.

« Une heure après m’avoir quitté, il avait vu mon neveu sortir tout droit du Cygne Noir.

« Il l’avait suivi, en premier lieu, jusque chez M. William Judson, dans Ferry Gate, où il avait attendu, en flânant près d’une heure, en ayant soin de se tenir