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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Je devinai immédiatement que le paquet devait contenir des lettres.

« Je me demandai si ces lettres ou papiers avaient pu être vendus ou seulement prêtés à Haukehurst, et immédiatement aussi je fus d’avis qu’ils avaient dû lui être seulement prêtés.

« Que M. Goodge, le pasteur méthodiste, eût trafiqué des lettres de Mme Matthieu Haygarth, cela se comprend à merveille ; mais il ne me parut pas le moindrement probable qu’une vieille dame comme il faut eût pu être amenée à livrer des papiers ou lettres de famille par aucune considération particulière.

« Non, me dis-je en moi-même, ces documents ont été prêtés et devront être renvoyés.

« J’établis là-dessus mon plan de campagne pour le jour suivant, résolu à avoir communication de ces lettres par l’entremise du porteur ou autrement.

« Je dis au jeune garçon d’être à son poste de bonne heure dans la cour de l’hôtel, le lendemain matin.

« Si mon neveu ne sortait pas de l’hôtellerie, mon agent devrait s’assurer de ce qu’il faisait, pour venir m’en rendre compte.

« — Je vais vous dire pourquoi, mon ami, lui dis-je ; j’ai des raisons pour croire que mon coquin de neveu a quelque méchante intention à l’égard de Mlle Judson, qui est la proche parente d’une jeune dame dont il est, dit-on, très-amoureux. Je crains beaucoup qu’il ne lui envoie quelques lettres à lui écrites par sa folle nièce. Ces lettres peuvent être de nature à blesser au plus haut degré les sentiments de la bonne dame. C’est pour cela qu’il me convient d’intercepter tout ce que cet étourneau pourrait envoyer à Mlle Judson. Vous croyez-vous en état de vous emparer d’un