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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

temps d’abandonner le combat et d’attendre un moment plus propice pour exercer de nouveau ses facultés commerciales.

Les rapports du capitaine avec l’agent de change ne se terminèrent cependant pas avec la cessation de ses fonctions de secrétaire, d’homme de paille, et de promoteur.

L’agent trouvé, jusqu’alors habile et, en apparence, digne de confiance, ce qui était un point important, car nul n’a autant besoin de gens discrets qu’un fripon, Philippe se résolut à confier à Horatio la conduite d’une affaire plus délicate qu’aucune transaction commerciale.

Après cette découverte du télégramme envoyé par son frère à Valentin et la découverte ultérieure de l’avis relatif à la fortune non réclamée de John Haygarth, récemment décédé, Sheldon n’avait pas perdu de temps pour organiser ses plans à l’effet de travailler aux dépens de son frère à sa propre fortune.

« George a refusé de m’admettre pour une part dans ses chances lorsque j’étais disposé à l’aider, pensa Philippe ; il ne tardera pas à s’apercevoir que j’ai su pénétrer ses secrets et qu’il eût joué un meilleur jeu s’il eût consenti à m’associer à son affaire. »

Une vie exclusivement consacrée à ses intérêts avait donné à Sheldon une intelligence très-éveillée de tout ce qui dans le présent ou dans l’avenir pouvait être un moyen de gagner de l’argent.

Les syllabes brisées du télégramme, trahies par la feuille du papier buvard, lui avaient appris beaucoup de choses.

Elles lui avaient dit qu’il y avait un certain Goodge, dans la ville d’Ullerton, qui possédait des lettres d’une assez grande valeur aux yeux de George, pour qu’il les fît acheter par son agent Valentin.