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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ma femme, elle a entraîné pour moi des dérangements et de la dépense. Comme de raison, je sais que Gèorgy a cru agir pour le mieux, ajouta-t-il à un « Oh ! Philippe ! » arraché sur le ton du reproche à Mme Sheldon. Mais toute cette affaire a été une erreur. Nous n’étions pas plutôt installés confortablement ici que M. Haukehurst se met dans la tête de se montrer ridiculement alarmé au sujet de Charlotte et veut amener une demi-douzaine de docteurs auprès du lit de la pauvre enfant, au risque d’un inévitable péril, car dans une maladie où il y a faiblesse mentale, toute apparence d’alarme ne peut produire que du mal. »

Ceci dit, Sheldon ne perdit pas de temps pour prendre toutes ses dispositions pour le voyage : une voiture fut commandée, tous les préparatifs furent faits pour le confortable de la malade, tout ce que la prévoyance la plus attentive ou la bonté pouvait suggérer fut fait, mais la cruauté qu’il y avait à imposer le voyage en lui-même à la malade n’en était pas moins évidente.

Georgy se lamentait piteusement sur tous les embarras que cela allait causer.

Diana s’inquiétait peu de ces détails, mais elle était indignée contre le beau-père de Charlotte et elle ne cherchait pas à dissimuler son indignation.

Ce ne fut pas sans avoir tenté de résister à l’autorité de Sheldon que Mlle Paget succomba dans son opposition : elle en appela à Mme Sheldon.

« Chère madame Sheldon, je vous supplie de ne pas souffrir le déplacement de Charlotte, dit-elle du ton le plus sérieux. Vous ne savez pas à quel point elle est malade, M. Sheldon ne le sait pas non plus, sans cela il ne prendrait pas un pareil parti. Comme sa mère, votre autorité est supérieure à la sienne, vous n’avez