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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Ces choses-là sont ordinairement faites trop vite, se dit-il à lui-même. Mon erreur a été de mener les choses un peu trop lentement. »

Quoi qu’il arrivât et quelles que pussent être les conséquences ultérieures de la maladie ou de la mort de Charlotte, il était sans crainte.

C’est pourquoi chaque jour il affrontait la présence du docteur Jedd, le visage aussi calme et aussi impassible que celui de cet habile médecin lui-même.

Sheldon avait soin de ne montrer que l’anxiété qu’un affectueux beau-père peut naturellement éprouver quand la vie de sa belle-fille est en danger. Rien en lui ne trahissait une anxiété plus grande ou d’une autre nature que celle-là. Il savait qu’il était surveillé et que les gens qui l’entouraient lui étaient hostiles et jamais il ne se laissait prendre hors de ses gardes.

Il eût été nécessaire pour lui de se rendre à Londres pour surveiller, par lui-même, la mer troublée du marché. Mais quelque péril que courût sa barque sur cet océan agité par la tempête, il ne pouvait lui-même tenir le gouvernail. Il était obligé de confier ce soin à Orcott, qu’il assiégeait de dépêches télégraphiques à chaque heure du jour, et dont la vie se passait entre le bureau du spéculateur et sa résidence de Bayswater.

Il semblait que Sheldon voulût maintenir son terrain dans cette maison jusqu’à l’issue des événements.

Valentin et George se réunirent dans le cabinet de l’homme de loi et une longue et sérieuse consultation s’établit entre eux.

« Une chose paraît tout à fait claire, dit George en concluant, c’est que mon frère ne pourra être débusqué de sa maison qu’à l’aide de quelque combinaison. La question est de savoir quelle combinaison sera assez