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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il fut la lettre et la froissa avec colère en la mettant dans sa poche.

« Je suis juste aussi bien dans mes affaires que je l’étais il y a douze ans quand Halliday est venu dans ma demeure de Fitzgeorge Street, se dit-il à lui-même, et j’ai l’avantage d’être plus âgé de douze ans. »

Voilà où il en était ; en réalité, il avait tourné dans un cercle, la découverte était humiliante.

Sheldon commençait à penser que la ligne qu’il avait suivie pendant sa vie, n’était pas la meilleure et la plus profitable.

Il ouvrit sa caisse et força le coffret qui contenait les quelques bijoux qu’il avait donnés à sa femme dans les premiers temps de leur mariage, comme récompense de la bonté qu’elle avait eue de laisser son second mari disposer du patrimoine du premier, sans observations et sans empêchement de sa part : ces bijoux consistaient en quelques bagues, une broche, une paire de boucles d’oreilles et un bracelet ; ils étaient beaux dans leur genre et valaient environ deux cents livres.

Ces bijoux et le chronomètre en or qu’il portait dans la poche de son gilet composaient toutes les richesses dont Sheldon pouvait disposer maintenant que le terrain sur lequel était édifiée sa position commerciale commençait à s’effondrer sous ses pieds et que les grondements du cratère l’avertissaient du péril qu’il courait. ་ Il mit ces bijoux dans sa poche sans un remords, puis il monta à l’étage supérieur pour empaqueter ses effets dans un grand porte-manteau qui devait lui donner crédit parmi les étrangers par son apparence éminemment respectable.

Dans cette terrible crise de sa vie, il songea à tout ce