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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux ;
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain, à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Tout avait bien marché pour Lenoble ; sa descendance directe de Matthieu Haygarth, père de l’intestat, avait été prouvée à la satisfaction des conseillers de la Couronne et de la haute-cour de la Chancellerie, et, dans les délais voulus, il avait été mis en possession de la succession du révérend intestat, à la grande joie de ses sollicitors et de M. Fleurus, et au grand dépit de George, qui renonça pour jamais à s’occuper de recherches généalogiques et retomba, le cœur aigri, sur les plus maigres profits qu’il pouvait espérer de ses opérations d’escompte et se faisant le champion des pauvres plaignants de toutes les classes, de la demoiselle qui se considérait comme trahie par un infidèle amant et qui fournissait les preuves de la nature la plus scabreuse de son inconstance, du piéton qui, s’étant frappé contre un volet en saillie, revenait directement chez lui pour y rester pendant douze mois dans une incapacité complète de travail de corps et d’esprit et qui réclamait pour ce fait une forte indemnité du propriétaire du fatal volet.

C’est à cette noble protection des droits du faible que George voua son intelligence, et quand de malicieux ennemis stigmatisaient ses essais de Don Quichottisme en les qualifiant de spéculations, ou quand il succombait dans la défense de quelque demoiselle opprimée à raison de l’insuffisance de preuves résultant d’une correspondance trop vague et que le juge lui disait : « Vous devriez être honteux de porter une pareille demande devant la justice, » le généreux sollicitor cherchait