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LA FEMME DU DOCTEUR.

— Oh ! George, je vous en prie, ne mettez pas mon nom sur les enveloppes, — dit-elle ; — n’envoyez pas mon nom à vos amis ; ne leur dites même pas comment je m’appelais avant notre mariage.

— Mais pourquoi, Izzie ?

— Parce que j’ai mon nom en horreur, — répondit-elle avec force. — Je l’exècre !… je le hais !… Je l’aurais changé si j’avais pu, quand… quand… je suis venue ici ; mais Sigismund n’a pas voulu que je me présentasse chez son oncle sous un faux nom. Je hais ce nom… je le hais… je l’ai en horreur !…

Puis tout à coup, lisant l’étonnement et la curiosité sur le visage de son mari, la jeune fille s’écria que ce qu’elle venait de dire n’avait aucun sens, que c’était une folie romanesque, et qu’elle le priait de lui pardonner et de l’oublier.

— Mais faut-il envoyer votre nom, ou ne faut-il pas l’envoyer, Isabel ? — demanda George d’un ton assez froid. Il n’aimait pas beaucoup ces fantaisies chez une jeune personne qu’il dressait pour la rendre pareille à l’idéal qu’il s’était créé. — Vous dites d’abord une chose, puis vous ajoutez que vous n’y attachez aucun sens. Faut-il ou ne faut-il pas envoyer les enveloppes ?

— Non, non, George, ne les envoyez pas, je vous en prie ; ce nom me déplaît véritablement. Puis d’ailleurs, Sleaford, c’est un nom bien vilain.