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LA FEMME DU DOCTEUR.

compagnie, ou quelque chose de ce genre, si je connaissais une famille qui eût besoin d’une personne dans ces conditions. Elle habitait Islington avec une sœur de sa belle-mère, à ce qu’elle me dit ; mais elle ne voulait pas lui être à charge plus longtemps. Mme Sleaford et ses enfants sont allés habiter Jersey, probablement à cause de la vie à bon marché qu’on y trouve. Il n’est pas douteux que le jeune Horace n’y devienne un fumeur invétéré. Ce pauvre Sleaford est mort. Cette nouvelle t’étonnera autant que moi. Isabel ne me l’apprit pas tout d’abord, mais je vis qu’elle était en deuil, et quand je lui demandai des nouvelles de son père, elle fondit en larmes et sanglota comme si son cœur allait se briser. J’aurais voulu savoir de quoi le pauvre diable était mort et toutes les circonstances de sa maladie, car Sleaford n’était pas âgé et c’était un des hommes les plus robustes que j’aie jamais vus, — mais je ne pouvais torturer Izzie par des questions pendant qu’elle était dans un pareil état de douleur et d’agitation. — Je suis désolé que vous ayez perdu votre père, ma chère mademoiselle Sleaford, — dis-je. Elle ajouta en sanglotant quelques mots que j’entendis à peine, et j’allai lui chercher un verre d’eau fraîche, mais ce ne fut que longtemps après qu’elle revint à elle et qu’elle put me parler. Pour le moment, je ne voyais personne parmi mes connaissances qui pût lui être de quelque utilité immédiate ; mais je pris l’adresse de sa tante à Islington et je lui promis de passer chez elle un jour ou deux après. J’écrivis par le courrier du jour à ma mère et je lui demandai si elle pouvait me venir en aide. Elle me répondit sans tarder que mon oncle Charles