Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
LA FEMME DU DOCTEUR

CHAPITRE XXVII.

« ET MAINTENANT JE VIS, ET CEPENDANT MA VIE EST FINIE ! »

George accepta l’explication que sa femme lui donna au sujet de son absence prolongée. Elle avait emporté ses livres au Roc de Thurston et s’était assise pour lire sans s’apercevoir de la fuite du temps, si bien qu’il était trop tard pour revenir dîner ; elle avait alors pensé qu’il y avait un service du soir à Hurstonleigh pendant la Semaine Sainte et qu’elle pourrait entendre prêcher M. Colborne. George reçut cette explication comme il aurait accepté toute autre assertion faite par ces lèvres à la sincérité desquelles il croyait.

Mais Mathilda traita sa jeune maîtresse avec une politesse glaciale qui blessa Isabel au cœur. Elle la souffrit néanmoins sans se plaindre, car elle avait conscience d’avoir été très-coupable et que toutes ses souffrances étaient le fruit de son propre péché. Elle resta à la maison tout le reste de la semaine, excepté pour assister au service du Vendredi Saint à l’église de Graybridge avec son mari ; et le dimanche soir elle décida George à l’accompagner à Hurstonleigh. Elle faisait tous ses efforts pour se bien conduire ; et si l’enthousiasme éveillé dans son cœur par les sermons de M. Colborne s’éteignait presque aussitôt après son départ de l’église, il en restait, au pis aller, quelque chose qui faisait d’elle une femme meilleure qu’elle n’avait été jusque-là.