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LA FEMME DU DOCTEUR

dresse dans ce cœur sentimental et essentiellement féminin, et peut-être George était-il soigné avec plus de dévouement par sa jeune femme, qui n’était pas sans reproches, qu’il ne l’eût été par une sévère compagne qui aurait glacé d’un regard impitoyable le sentiment coupable qui aurait pu s’aventurer dans le cœur de Lansdell. La femme du médecin sentait une compassion pleine de remords pour l’homme qui, à sa façon vulgaire, s’était montré plein de bonté pour elle.

— Jamais, jamais il ne s’est montré sévère envers moi, comme le faisait ma belle-mère, — pensait-elle ; — il m’a épousée sans savoir qui j’étais, et jamais il ne m’a fait de questions cruelles, et même maintenant, s’il savait la vérité, je crois qu’il aurait pitié de moi et qu’il me pardonnerait.

Elle regarda son mari avec une expression suppliante. On eût dit qu’elle avait quelque chose à lui dire, mais que le courage d’aborder ce sujet lui faisait défaut. Il était très-malade ; ce n’était pas le moment de lui faire aucune communication désagréable. Il avait eu le délire pendant la nuit, et il s’était imaginé que Pawlkatt était auprès de lui, à l’heure où le digne homme ronflait profondément dans son lit. On avait, par-dessus tout, recommandé à Isabelle de faire observer à son mari le plus grand calme possible, autant que la chose était praticable avec un homme actif et intelligent, récemment atteint par une maladie imprévue. Non ; quelque chose qu’elle eût à lui dire, elle devait s’abstenir pour le moment. Il était absolument incapable de lui donner, en cet instant, le secours qu’il lui eût accordé dans des circonstances ordinaires.

Les journées dans cette chambre de malade parais-