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LA FEMME DU DOCTEUR

sont bavards, vous savez. En ma qualité de médecin, et grâce à une certaine expérience acquise, je vois toutes ces petites faiblesses provinciales. Ce monde aime à bavarder ; mais ne perdez pas courage, Mme Gilbert, nous ferons le possible pour notre pauvre ami. Nous ferons tout ce qu’il sera possible de faire.

Il donna à la main tremblante d’Isabel une petite étreinte rassurante, et s’éloigna d’un air satisfait.

La femme du médecin le regarda partir d’un air égaré, puis elle rentra et pénétra lentement dans le petit parloir, — le parloir vide et d’aspect misérable, abandonné déjà depuis plus d’une semaine. La poussière couvrait les vieux meubles et l’atmosphère y était chaude et lourde.

Isabel s’assit auprès de la table à ouvrage, sur laquelle sa pauvre petite collection de livres s’amoncelait au hasard dans un coin poudreux. Elle s’assit pour penser, essayant de se faire une idée de la terreur qui paraissait si proche, essayant de comprendre toute la signification de ce que M. Pawlkatt avait dit de son mari.

Le médecin n’avait donné aucune espérance que Gilbert guérirait ; il avait fait seulement quelques petits discours de convention sur le calme et le courage.

Elle essaya de penser, mais vainement. Elle n’avait fait que dire la vérité en s’écriant qu’elle avait peur. Cette espèce de frayeur lui était si complètement nouvelle, qu’elle ne pouvait pas comprendre l’aspect tranquille des gens qui veillaient et qui soignaient son mari. Était-il possible qu’il fût en danger de mort, cet homme vigoureux et actif, dont la rude santé et l’appétit robuste avaient souvent choqué si brutalement ses idées de pensionnaire sur les héros poitri-