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DU SERPENT.

s’avancer un nuage noir et à sa suite un plus noir encore, puis une foule de sombres compagnons aux formes bizarres ; il tomba ensuite une telle averse, qu’il ne se souvenait pas en avoir vu une semblable tout le temps de sa captivité. Mais cette forte ondée n’était que le commencement d’un temps effroyablement pluvieux, qui dura trois semaines, à la fin desquelles le pays d’alentour fut inondé de tous les côtés, et Richard entendit dire d’autre part à son gardien que la rivière en dehors de la prison, qui coulait habituellement à vingt pieds du mur d’un côté de la grande cour, était gonflée à un tel degré, qu’elle baignait la maçonnerie du mur à une considérable hauteur.

Le jour où Richard entendit cela, il entendit un autre dialogue qui avait lieu en dehors de sa chambre. Il était couché sur son lit, méditant sur l’amertume de sa destinée, comme il l’avait fait tant de fois, et pendant tant de jours, jusqu’à ce qu’il fût devenu comme il l’était l’esclave des lugubres habitudes de son esprit, et forcé de parcourir le même terrain toujours et toujours, qu’il le voulût ou non. Il était donc couché quand il entendit le gardien dire :

« Je pense que cette maussade petite brute devrait prendre sur elle d’aller mieux en un moment comme celui-ci, où je ne puis avoir un gamin par amitié ou pour argent ; l’administration donne seule-